Château de Boisverdun

Histoire d'un château familial au cours des siècles à Tombeboeuf

 

Le domaine de Boisverdun est répertorié depuis 1350, il appartenait à l’époque à la prestigieuse famille des Caumont (les Caumont donneront 2 branches à partir de 1200, la branche La Force (Dordogne), et la branche de Lauzun (celle-là même dont est issu le fameux et truculent Duc de Lauzun sous Louis XIV). De cette branche de Lauzun, il y eut une descendance, propriétaire de Boisverdun.

 

A la fin du XVIème  siècle, les Caumont vendront le domaine de Boisverdun à leurs cousins, les Digeon, puissante famille qui possédait entre autres, le château de Poudenas, de Monteton, Lasserre, etc.

 

Les Digeon érigèrent une bâtisse, sorte de fortin avec des dépendances dont le seul vestige existant sert actuellement de salle de réception.

 

Au XVIIIème siècle, la propriété passa par alliance familiale aux d’Estut de Solminiac (famille originaire du Quercy, les Solminiac, et d’Ecosse avec les d’Estut). Puis la dernière descendante de cette branche se maria avec le marquis de Rossane dont leur fille unique Rose se maria avec le vicomte Gustave de Richemont qui reconstruisit entièrement le domaine au début du XIXème siècle,  en s’inspirant de modèles outre-alpins, affichant ainsi son admiration pour l’architecture de la Renaissance italienne, et son inclination particulière à vouloir recevoir ses hôtes avec un raffinement approprié, sans ostentation déplacée.

 

La singularité de Boisverdun réside dans la combinaison de deux styles architecturaux, palladien (dont le maître Andréa Palladio au XVIème siècle réalisera ses œuvres à travers essentiellement la Vénétie), et florentin(dont le fer de lance en la matière était Batista Alberti qui au XVème siècle, réaménagera de nombreuses anciennes forteresses sises en Toscane). Une note française néo-classique s’y ajoute avec les impostes en forme de demi-lune surmontant les fenêtres du rez- de- chaussée (caractéristique de l’époque du Directoire).

 

Autre originalité de cette « villa », c’est en quelque sorte son trésor botanique avec l’existence de ses majestueux ormes de Sibérie et son valeureux oranger des Osages qui traversent toute l’épaisseur de l’Histoire depuis plus de 300 ans ; ses pins parasols (signe de reconnaissance des propriétés huguenotes), ses cèdres du Liban (signe marquant les propriétés catholiques), comme quoi, ces deux dernières essences qui coexistent pacifiquement nous donnent une belle leçon d’entente, d’harmonie et d’intelligence, alors que les hommes n’ont eu de cesse de se déchirer pour somme toute, des résultats désastreux des deux cotés où nul ne fut gagnant mais où tous furent perdants.

 

Une petite anecdote que la grande Histoire ignore mais que la petite histoire locale révèle, c’est la plantation des cèdres de l’allée qui fut réalisée par des prisonniers russes, réquisitionnés à l’issue de la bataille de Crimée remportée par Napoléon III en 1856. Malheureusement, ces pauvres cèdres ont dû beaucoup à souffrir après les tempêtes de 1999 et de 2009 (plus d’une douzaine ont disparu).

 

Ainsi, au fil des générations, les Richemont n’ont fait que s’attacher de plus en plus à leur demeure familiale en essayant de conserver un sens bienveillant de l’hospitalité, et pour ce faire, vaille que vaille, sans aide aucune, ils essaient d’amoindrir les rides de l’âge de cette maison afin que celle-ci remplisse toujours son rôle essentiel, celui de réunir ses hôtes familiaux en toute occasion pour qu’ils se nourrissent de leurs racines et puissent goûter et apprécier le silence et la beauté à la fois simple et imposante des lieux.